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lundi 20 mai 2013

Les voyages non faits, les voyages à faire

Pense aux voyages que nous ne fîmes pas,
pris dans la toile d'un quotidien furtif,

à ces voyages que le temps a rendu nécessaires,
maintenant que les enfants ont grandi et que l'œil

se dessèche à voir et à revoir la route étroite alentour.
Pense aux voyages à faire et que nous ferons ou nous ne

ferons pas, auxquels nous songeons, le soir, en fin de semaine,
face à l'écran mat de rêves trop petits pour nous et pour

nos espérances. Tu voyages dans ta tête. Je le fais aussi.
Tes langues sont anciennes, les miennes le sont moins.

Mères et filles, elles parlent de la vie et du sang des
accouchées. Voilà pourquoi je n'ai jamais aimé l'esperanto,

ce désespérant jeu de cartes d'un linguiste zélé, sans âme,
sans chair, sans personne pour le parler ou lui cracher dessus.

J'aime la langue qui pleure, fado du finisterre portugais ou
saudade du métis brésilien, j'aime la langue qui rit et rugit,

les forces basques et les levers de pierres écossais. Le babil
de l'enfant au berceau porte en lui l'Odyssée et la Divine Comédie

et le râle de qui se meurt ferme des pages jaunies que d'autres,
à leur tour, ouvriront. Delenda est Cartago. De toute façon Carthage

devait tomber en poussière mais de génération en génération,
l'introït de Caton l'Ancien, voyage et nous façonne. Irrésistiblement.

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