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samedi 29 mars 2014

L'ange aux pétales de sang

Le temps te fut volé, le temps nous fut volé,
l'Ange demeure en nous qui nous accompagne
et veille sur ses frères. Ses pétales sont de sang

et ne pèsent pas. Juste une couleur que chacun
de nous porte en lui, même s'il ne le dit pas. Moi
mes pétales, je te les dois que je regarde souvent.

Le mois des coquelicots

Le mois des coquelicots arrive. 
La nostalgie se fixe à mon cœur, 
Les points rouges au creux des
Chemins sont autant de poupées

Abandonnées par des enfants 
Capricieux. Chaque année depuis 
Plus d'un quart de siècle je ramasse
Ces fleurs fragiles et en fait mon

Livre de souvenirs et de pensées. 
Passé le milieu juin mes yeux 
Cherchent encore les oubliées.
Quand enfin mon cœur ressent

La fin des coquelicots je referme
Les pages et laisse s'envoler 
L'ange que je n'ai pas assez aimé. 


La gravité

Que grave est la vie, parfois. Souvent.
Et que pesante est la gravité qui nous
colle à la terre.

Comme toi, j'aime lever les yeux et
apercevoir ces funambules suspendus,
tout en grâce et en silence. Le temps

alors s'efface et nous redevenons ces
enfants ébahis que nous avons été,
tout deux, et qui aimaient le cirque.

vendredi 28 mars 2014

Un chapeau sans tête

Le chapeau sans tête passe
Devant la maison de silence. 
Il sait qu'il faut emporter Zoé 
Loin des parents devenus 

Irréels. Soudain la musique
Est forte. L'enfant s'ouvre aux
univers qui s'enchaînent. Là 
Deux rubans rouges font virevolter

L'acrobate. Ailleurs c'est l'homme
A la roue : il  tourne sa propre vie. 
Puis soudain le maestro enflamme
Les milliers d'yeux avec la comédie

De l'amour. les feux s'éteignent, le
Rideau écarlate ferme la porte au
Spectacle. Quelques notes se
Répondent encore et j'ai cru un
Instant apercevoir l'éclair de la perfection. 


mardi 25 mars 2014

Trois impressions passagères

LA JEUNE FILLE AUX PISTACHES

Elle est assise à côté de moi et accompagne
sa mère à une rencontre poétique, son rythme
n'est pas le nôtre. Elle tire de minuscules pistaches

d'une boîte étroite en aluminium puis elle les fend
et les ingère sans ciller. Les pistaches sont sans fin.
Pourtant elle cesse soudain de grignotter et remplit

la boîte qu'elle avait vidée. De coques menues, de reliefs
incertains. La nappe nettoyée, elle nous regarde enfin.

Curieusement, au même instant, l'atelier poétique lui
aussi cesse. Les pages repliées, l'apéritif pourra commencer.
Sans moi. Je serai déjà loin. La tête dans les étoiles.

LA JEUNE FEMME AU LIVRE EN CHINOIS

Elle s'est assise à côté de moi, jamais je ne verrai son
visage. Les cahots du TGV ne l'empêchent pas de tourner
avec parsimonie les pages d'un livre en chinois. Sur le papier

bouffant, étincelant, les idéogrammes se détachent noblement.
J'en vois peu par page. Beaucoup moins que sur une page occidentale.
Serait-ce un livre de poèmes ? Je ne sais ni ne saurai. Le train arrive

à son terminus, la jeune femme ferme le livre et s'en va, sans bagage.
Qu'adviendra-t-il de ce livre dont je perçois tout juste qu'il livrait un
soupçon d'humanité à un rescapé de la Babel désenchantée ?

LE JEUNE HOMME EN LEVITE

Le métro fait halte à hauteur du Marais. Un jeune homme monte. Il
est coiffé d'un chapeau noir à larges bords, le corps serré dans une
lévite étroite. Il semble pensif. Pourquoi pensé-je tout à coup à

Walter Benjamin dont Paris au XIXe siècle accompagne mon séjour
dans la capitale ? Je ne sais. Je pense aussi au restaurant de Jo Goldenberg,
rue des Rosiers, où je déjeunai il y a quelques année de poissons fumés

de la Baltique. Cette fois-ci, c'est moi qui descends pour rejoindre le Quartier
Latin. Où se rendait ce jeune homme qui caressait une barbe aussi grêle que
la mienne ? Peu importe. Là encore devait y battre une chaude humanité.

dimanche 23 mars 2014

Ridules

Je délaisse les photos sur papier glacé,
fallacieuses dans leur traitement grain à grain.
Je préfère l'empreinte de la vie en milliers

de rides nécessaires. Parmi celles-ci, j'aime
leur variante petite, toute en élégance : la ridule,
qui accompagne l'expression et souligne le sourire.

Arabique

J'aime les mots qui délaissent l'objet.
Tes arabesques sont de ceux-ci que je
ne relie pas à la lointaine Arabie.

Variant sur ce mot qui gonfle la bouche
d'une saveur singulière, je songe à
arabique. La gomme arabique sans qui

tant de lettres ne seraient jamais parvenues
à leur destinataire. La péninsule arabique
qui participe pour moi d'une géographie

de fantaisie touchée du doigt sur le globe
terrestre de couleur qui illuminait ma chambre
et que tu as su me rappeler en quelque vers sonnés.

samedi 22 mars 2014

Arabesques

Je n'attend pas et je retarde
Le moment où les doigts
pianoteront pour découvrir
Au détour d'une page quelques

Vers bien tournés et captivants. 
Alors je me vois  sourire et les
Ridules de mes yeux sont
Permanentes. Des heures ne

Suffisent pas à effacer les 
Arabesques qui plongent mon
Esprit dans un tourbillon de vie,
Il marche alors auprès des mots, 

Il prend ma main, la guide juste ici. 



Le fil de la nuit

La nuit est en son cœur, sur le fil,
dirait-on en espagnol. Le temps
se ralentit et les épaules se voûtent.

Nul désir de refaire le monde ni de
passer pour ce que l'on n'est pas,
le masque tombe et l'on est nu.

Alors, je profite de ce temps béni,
comme une miche de pain blanc,
pour te glisser de simples mots,

des mots de reconnaissance, à toi
qui me lis, malgré la distance, à toi
qui m'écris, malgré l'inconstance.

vendredi 21 mars 2014

Carnet de voyage

Engourdis et ravis, nos premiers 
Pas dans Rome furent pressés.

Un balayage rythmé sur les ruines
Obligées et nous voilà devant le

Cortège funèbre du Trastevere.
L'instant d'après et nous parlons

De résonance aux portes des
Enfers sous les regards patients

Des mafieux Puteolani. Un chien
Nous accompagnera dans les 

Voies  larges de Pompéi, bercés
par la grâce d'Angela et les lourds

Citronniers. Que serait aussi
La Campanie sans sa Grande Grèce 

A qui Paestum rend toujours 
Hommage et qui palpite depuis

Dans mon cœur.  Inoubliable
Instants du passé conjugué au présent. 


Le voyage

Ce voyage dont tu me parlas
et que je ne connais pas, tes
élèves et toi le reconstituez

patiemment, avec leurs images
à eux, avec tes mots à toi. Son
lieu ? L'Italie, sans doute. Son temps ?

Une marge de la vie de classe,
assurément, une fissure entre cours
et vacances où tu fais merveille,

indubitablement.

jeudi 20 mars 2014

Hors lieu

Le goudron était dur et sale,
la peau du bas de ton dos douce
et tiède. Tu m'avais invité, la
ville bruissait. Nous n'en avions
cure. Je t'étreignis mais n'osai
t'embrasser.

Couleurs et forme

D'abord la couleur, les couleurs, plutôt,
puis la forme : un rectangle harmonieux,
à l'élégance posée verticalement.

Je n'entre pas immédiatement dans tes
photos. J'en soupèse les harmoniques,
et fais jouer les tons comme s'il s'agissait

de cuivres. Tes photos sont des gongs calmes,
dont le silence appelle tes mots. Alors tu écris,
et je te lis, friand de te voir renaître.

Haïku poétique

Vertige du mot
Joie des lettres assemblées
Travail en poésie.

Connaissez-vous Plaisance ?

Posée dans les premières semaines
de mon séjour à Béziers, la question
ne laissa pas de m'intriguer : Villa,
villégiature, retraite, je ne savais

que penser. Jusqu'au jour où mes pas,
sans guide, me conduisirent à un coin
de rue tout contre le bief d'aval du
Port neuf. On eût dit une maison

bourgeoise tapie derrière l'épaisseur
du feuillage. C'était un restaurant coquet
où les habitués roulaient leur serviette
avant de s'en aller. Les repas y coulaient

sans souci de l'horaire pas plus que des
péniches qui délaissaient le quai. Je revins
à la nuit tombée pour m'emplir de senteurs
surannées et songer aux vies qu'elle reput.

Fermer les yeux

Fermer les yeux et sentir la peau
qui peu à peu s'abandonne, au
sommeil ou aux rêves anciens.

N'être plus que ce souffle inversé
qui donne en recevant. Délaisser
les Châteaux Yquem et les truffes

du Quercy, ne respirer le monde
que par ta peau qui pulse, avec
lenteur, imperceptiblement.

Basculer dans le sommeil, s'oublier
tout à fait et renaître au jour dans le
frottement de ton bras sur le drap.

Couleuvre de Montpellier

Sous la terrasse,  le ciment brûle
et les anneaux somnolent.

Faut-il partir si loin de la ville,
au frais, pour entendre parler,

encore de la fière Montpellier
qui extrait les poisons pour en faire

des philtres ?

Photothèque

Tes photos sont myriade,
Je les aime. Toutes, qui
jamais ne me rassurent.

Elles me troublent plutôt.
À dessein ? Je ne sais,
je n'en ai cure, je suis bien.

Merci L...E

Ta main

Sage elle s'enturbanne
pour me donner ce plaisir
Qu'elle seul' sait donner.

Caresse

La main repose, gravide,
sur la peau douce et les yeux
se ferment. Le souffle s'apaise.

La main sait qu'elle n'est plus outil.
Compagne ou mirage, elle donne
et ne retient pas. Le plaisir qu'elle

sème ne se veut pas prison. D'ailleurs,
il n'a pas de nom. Sous la caresse, la
main, naguère gravide, est funambule

de surface. Vestige de l'instant, sagesse
de la longue durée. Peut-on jamais caresser
hors de tout sentiment ?

lundi 17 mars 2014

Les tromperies de l'hippocampe


L'animal est étrange à ma main. 
Petite, je me suis toujours trompée
Pour le dessiner. Avec ma gaucherie 
Sa queue était recourbée à l'inverse. 

Adolescente, mes interrogations
d'helléniste le faisait chevaucher
Dans les steppes et les plaines
Désertes non de la mer mais

Des régions arides de la Dacie.  
Pour mes enfants je n'ai jamais
Pu leur expliquer vraiment la 
Vie de cet hybride mi poisson

mi cheval. A l'instant je souris
En pensant qu'il est bien temps
Que je l'étudie, moi qui pourrais
Cet été le croiser dans l'océan. 



Effleurement

La main légère retient le geste
Un papillon ne serait pas plus doux
Et le pouvoir des lèvres n'est plus

Rien devant l'approche de la 
justesse des mots cueillis et 
mêlés. Oui, ceux que l'on attend

Pas. Ils sont suaves comme le
Nectar des avettes, dans la beauté
Irréelle de l'arc-en-ciel. Justes 

Dans l'instant qui précède le
Toucher et ponctue l'attente 
Délicieuse d'une caresse aimée. 

HIPPOCAMPES

Les hippocampes ont accompagné
mes années de jeunesse. Mon oncle
Sindo les dessinait à la pointe sur

la terre blanche avant de l'enfourner
et d'en tirer un bouquet de couleurs.
Pépé délaissait le café pour m'amener

au marché où ils jonchaient la glace
pilée comme les crevettes grises de ma
lointaine Dunkerque.

Mon oncle Sindo les avait placés au centre
de sa cosmogonie marine, nostalgique de son
île perdue. Il était deux fois homme, son nom

-Gomila- et son prénom -Gumersind- provenant de
la même racine indo-européenne qui désignait
l'homme. Est-ce pour cela qu'il aimait ces

étranges poissons dont le mâle porte les œufs
dans une poche secrète ? Non, je crois qu'il aimait
vraiment ces êtres chimériques qui résistent à l'emportement

en s'accrochant indéfiniment à une algue gracile. J'ignorais
alors que l'hippocampe désignait aussi cette zone cérébrale
support de la mémoire qui me conduit à t'écrire aujourd'hui.

samedi 15 mars 2014

Baroque

T'en souvient-il ? Nous parlions
du baroque et de son étrange origine,
cette perle imparfaitement ronde en
portugais.

En te lisant, j'en ai ressenti la surface
inégale devant la perfection de tes vers,
comme si la différence n'était qu'illusion
et la passion unisson.

Le destin de Gaïa


Une seule goutte a suffi 
Pour attirer mon œil. 
Une perle lourde de liquide
Reflet du beau de la vie.

L'univers s'y mire et s'y pare
Comme dans le cocon d'un 
Jour de printemps proche. 
Ma main n'ose l'approcher. 

Je me penche et cherche à 
Comprendre le destin de cristal,
Parfaitement enclos de ma vie.
L'esprit décrypte les indices

Qui nourriront mes envies à 
L'infini. J'aime l'élément 
Universel. Je vais l'absorber, 
Me l'approprier. Rien de côté.