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mercredi 30 octobre 2013

Privatif

Pour Axel....


L'alpha, au commencement
De la vie n'est pas toujours 
Si annonciateur d'espoir. 

Il prive sans distinction l'enfant,
La jeune femme et le vieillard. 
Il coupe, débite, aveugle et boiteux.

Plus de cellules, plus de joie plus de
Cœur. Il enlève et rend difficilement.
L'alpha aux cornes de taureau rage

Fulmine et s'emballe à travers la
Matière humaine. Il rejoint trop 
Vite son double de fin qu'est l'oméga. 

dimanche 20 octobre 2013

Profils

L'endroit et l'envers,
le creux et le plein,
autant d'horizons qui
peuplent mon regard.

Je ne crois plus à l'être
en soi. Il se découpe,
sur l'autre, s'y moule.

Changeons de perspective,
tu es moi à présent et
je glisse vers toi.

Beauté de la glace rayée
par le patin hardi qui
tranche puis dessine

l'individu d'une arabesque,
une seule, en attendant que
la chaleur soudaine en efface

les contours.

Echecs

Comme un jeu masqué et fracturé
Les pièces se confondent, s'embrassent
Se défont, prises dans leur propre ombre.

Elles s'animent et vivent l'agon nocturne
Pour mieux revivre les heures du jour. 
Elles perdent puis recommencent 

Comme une sarabande en éternel
Tourbillon. Vivez, jouez jeux de
la vie. Maîtrise des couleurs, 
Réflexion des esprits penchés. 

Gaïa et Ouranos

Gaïa et Ouranos s'unissent.
L'horizon courbe frémit de
vaguelettes. Écume blanche.

Les chalutiers ralentissent,
leurs cales amples s'emplissent
de poissons bleus rayés qui

glissent entre les doigts. Grondement
du tonnerre non loin. Ouranos a mille
mains et Gaïa tressaille. Une éminence

naît sous les doigts ventés de paix et
de délices. Humeurs salées. La terre et
le ciel se reposent. En pensée.

vendredi 18 octobre 2013

Osmose

L'homme a posé son regard
Au delà des hyperboréens.
Sans douter,  à la tombée de
L'astre, il s'est acheminé vers

les contrées septentrionales, 
Il a volé à l'attirance de son contraire. 
Sans fléchir, sa bouche chaude, humide
D'embruns a rencontré les lèvres 

depuis
longtemps attendues. Contact 
De glace, brûlure aiguë et l'union s'est
Faite. Elle, la blancheur de la Banquise
Murmure quelques phrases, elle

S'ouvre et se réchauffe au contact
De la braise apaisée. Lui, savoure
Les mots laiteux et précieux de cette
Union. Lien des cieux refermés, heureux. 

mercredi 16 octobre 2013

Le calame

Le calame de mes doigts
sur ton dos endormi, il y a
si longtemps.

Silence de la nuit froide d'été.
Les lérots rongent le bois et
mon sommeil.

Tu dors, je ne te réveille pas ;
le calame poursuit sa route de
délices.

Permanence

Permanence du temps 
Répétition des gestes
Salle inchangée et
Disciples toujours en action.

Les mots figés sur les vieux
Gaffiot jaunis, dansent
Chantent encore dans les 
Encres diluées à l'eau de Chine. 

Les lettres s'effacent, se gomment
Et je revois la vieille machine couleur
Orange des années soixante-dix. La
Folie des plumes aux noms prestigieux

Perdure sur le papier et dans l'esprit. 

dimanche 13 octobre 2013

Photos

Les mots fourmillent
quand se vident les yeux.

La photo me dérange
qui les écarte trop.

Pourtant elle me subjugue,
tirée sur du papier. D'un très

ancien Canon d'un frère autrefois
hérité. Rayé, grippé, tenant l'histoire

à bout de bras puis reposant au fond
d'un tiroir sombre et n'attendant plus

que des mots. Mes mots.

Paroles

Paroles qui s'envolent,
pensées qui demeurent.

Martinets qui se croisent
plus haut que le vieux cèdre.

Silence du présent, bruissement
feutré du passé, le temps court

qui n'a cure du chemin tracé mais
se rappelle l'excellence d'un plat de

pleurotes partagé sur le chaume tendre
de l'Aubrac en bordure des bois.

vendredi 11 octobre 2013

Thé de Sichuan

Le thé m'abreuve que je ne buvais plus.
Brûlant, poivré comme l'épice de la province
lointaine qu'il partage.

Je me penche, la vapeur m'aveugle et je revois
les frôlements maladroits sur le granit du trottoir
dans une zone commerciale oubliée, à l'heure du zénith.

Le thé m'abreuve et le temps recule. Des mots lents reviennent,
forts et nobles. Les senteurs d'huile du goudron tiédi se suspendaient
enfin et je me revoyais au bord de l'eau sombre de l'Ourq, une raquette

à la main.

mardi 8 octobre 2013

Soif

Quand je le vois je sens le vent
Qui m'apporte les mots que le
Temps trop vite dépose et reprend.

Une soif intarissable de paroles 
Que les arbres vénérables bruissent
Et répètent dans leurs branches étales.

Des retrouvailles qui passent si rapidement
Et qui n'ont donné aux souffles rapprochés
Que le quart de ce qu'ils voulaient s'offrir. 

Faiblesse de l'homme qui ne maitrise
Ni son désir , ni son équilibre et se laisse
Guider dans un avant toujours éternel. 

samedi 5 octobre 2013

Secondes

Pour Axel....

Un mot une seconde une respiration
Un seul mot donné, une poussière 
De temps et parfois tout bascule. 

Une vie est le renvoi incessant 
D'une balle de joie et de peine,
Une boîte secrète aux multiples

Facettes que l'on n'entrevoit
Que l'espace d'un instant réfléchi.
Hélas pour certains l'instant est

Fragile et se brise en pleine vigueur, pour d'autres l'instant se prolonge
Sans pour autant satisfaire. C'est 

Un éclair qui foudroie aveuglément
Sans pitié et entièrement. Et 
Faut-il être si peu averti  
pour vivre, souffrir sans révolte ?




vendredi 4 octobre 2013

Rêve


Dans un train cahotant j'ai 
Rêvé d'un thon en maillot, 
Tout de rose vêtu il échappait
Aux babines félines d'un chat.

Quand l'esprit vagabonde 
Et sursaute à chaque heurt
Le thon à de multiples couleurs
Qui sont autant de rayons 

Lumineux dans la mer de
Corail. Le thon est parti
Depuis des heures et il ne 
Frétille plus. Ce soir une belle

Assiettée ravira les affamés. 

jeudi 3 octobre 2013

Fragilité de la poésie

La poésie est fragile, plus fragile
que les ailes grêles d'une mouche,
plus vive et insaisissable aussi.

Elle arrive quand on ne l'attend plus,
quand, harcelée par les jours inféconds
du combat aveugle, elle se terre.

Et puis vient le matin pluvieux, aux faux
airs d'île de France, et un mot, suivi d'un
autre, puis de deux, surgit sans qu'on l'attende.

Alors on est sauvé, ou du moins croit-on l'être
et on ouvre fiévreusement Saint-John Perse pour
laisser ses vers irriguer les veines naguère taries.

mercredi 2 octobre 2013

Mirapolis

Le souvenir est si lointain qu'il n'en est pas un.
Mirapolis. La mémoire butte contre ce nom lisse et
sans l'insistance de mon fils, je ne l'aurais pas
interrogé.

Je glisse d'une page de lumière à l'autre, des images
confuses me reviennent. Nous n'y étions jamais allés,
tout au plus l'avions nous longé. Nous séjournions
alors à Hardricourt.

Un dictateur aux charmes napoléoniens y vivait, dit-on,
je me souviens de la tache de gazole gras sous une vieille
Mercedes. Mais de Mirapolis, rien. Seul me revient le visage
grave d'un enfant qui regardait par la fenêtre.

Les fées

L'humain y est rarement invité 
Il faut vraiment forcer le passage
S'engouffrer s'en se retourner. 

Une fois l'instant magique savouré,
Les yeux s'habituent doucement au lieu. 
Les souvenirs des contes d'enfance,

Les vieilles légendes et cortèges de
Fées, lutins et farfadets dansant 
Peuplent cet univers mêlant la mousse,

L'argile et les stalactites dans le miroitement
De l'eau bleue, blottie au plus profond des
Ruines fondatrices. Le silence monacal

Perdure et rend l'attrait si pur qu'encore 
Je sens humus et j'entends la nature.