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mardi 30 avril 2013

De ma tablette

J'aime le soir qui nous unit,
toi sur ton téléphone et moi
sur ma fine tablette.

Le ballet des doigts exige
des vers courts et la nuit
alentour a mille yeux.

Des yeux de ton chat à l'éventail
bleuté des paons de Bourbaki,
il n'y a qu'un pas que je fais

les miens dedans les tiens.

Mystère

Ton plaisir est un mystère
qui longtemps m'éveilla.

Tu ne voulais que je te voie ;
espiègle, je t'en volais une image.

Tu glissais sous mes doigts
avant de me serrer enfin,

ma voix dessus tes seins.

Tanka sans chat

La vitre est fermée,
le monde se clôt soudain.
Nul besoin d'attendre.

Mais je sais que tu y crois ;
un deux trois et le voilà.

Tanka du chat

Un chat une vitre
Un monde ouvert pour minou
Attente sans fin,

Le félin avance, hop,
Il se retourne et s'endort.

L'oiseau en cage

J'ai rêvé d'un gazouillis d'oiseau
derrière ta voix espiègle. Le bois
naissait, touffu, humide, et mes pas
en froissaient l'humus.

Bientôt j'ai perdu le sens de tes mots
et le gazouillis a grandi jusqu'à me
dessiner toute une frondaison du bord
de l'eau, odorante et tiède.

C'est alors que j'ai compris que l'oiseau
qui chantait se morfondait en cage et qu'il
étouffait ta voix pour mieux me demander
de le libérer. Enfin.

Douceurs

Douceur du secret et de nos mains croisées.
Le temps passe et nous caresse peu à peu.

Que viennent les semaines et les vers par milliers,
Nous gagnerons, à deux, une voix insoupçonnée.

Fantôme


Le fantôme du chateau
N'aime pas son cadeau,
pas de chaînes, que des grelots
Les invités sont partis trop tôt.

Le farfadet lui a tourné le dos
Et la voilà qui veut son tricot.
Le fantôme a bu toute l'eau
Son drap blanc est en lambeaux.

Le cheval à bascule du haut
S'est enfui au galop,
Pour aller voir son ami Fredo
Ils vont ensemble au tripot.

Le fantôme du chateau
N'a personne pour lui gratter le dos.


Quelques mots

Quelques mots. Deux, trois, pas plus,
et voici ton sourire qui fleurit au terme
franc du mois d'avril.

Quelques mots. Deux, trois, en sus,
et voici que ma main t'accompagne
dans ce joyeux tournis.

Un petit livre à couverture bleue

Il est à mes côtés, odorant, à peine écorné.
Sous sa couverture bleu de France gaufrée,
les pages défilent dans la blancheur.

Pattes de mouche brunes, en ordre serré,
que ses paragraphes sont beaux qui me rapportent
un été suranné que jamais je ne vis.

Je l'ouvre et le referme aussitôt. Pour éprouver
ma mémoire ou pour mieux jouir des images lentes
que son pas imprima en passant un été ?

Le fourmilier


Le fourmilier du zoo
Aime jouer à cache cache
Il se blottit dans le bosquet,
Marche tête baissée
Sans se lasser ni parader.

Les regards des curieux
Le rendent triste et anxieux
Il fausse rapidement compagnie
Aux savants décrépis.

Quand il entend enfin la clochette
du gardien son bel ami
Il s'ébroue dans son coin
Et de son oeil avisé il repère, le coquin,
Son festin et rêve déjà à ses crêpes.

Cerises prochaines

Deux trois dans la main,
leur sang épais sur ma paume,
les cerises vivent.

Paysage

On embrasse un paysage
comme un être cher. Doucement,
avec ferveur. On y est sans y être.

On ferme les yeux en promesse de
mémoire. Le paysage ne prend sens
que dans l'absence. Alors, seulement,

devient-il cet être cher qui nous fait
compagnie, de jour comme de nuit, et,
enfin, peut-on vivre heureux, sereinement.

Tanka du marronnier


Petit coeur rosé
Fleur aimée du marronnier
Beauté enlevée,

La bise du geai bleuté
T'a finalement froissé.

Des poivrons

Ils étaient trois ou quatre, je ne sais plus,
à dorer lentement dedans ce très vieux four.

En brunissant, leur peau se craquelait et embaumait,
impatiente de ta main qui bientôt les écalerait

pour en faire présent, à la tombée du soir, à tes enfants
réunis autour d'un plat de terre qui fleurait bon ta main.


Eau


L'eau précieuse des castors,
ouvriers constructeurs sans relâche,
L'eau abreuve mes espoirs
Et passe la porte marmoréenne du désir.


L'eau est ma faim sans peur,
L'eau est le livre de mon avenir.
L'eau arbore fièrement ses profondeurs
Et me relie à l'ornement des dauphins
Sans jamais me prouver ma fin.

Désir subit

Porte étroite à la nuit tombée,
froissement de l'étoffe sous les doigts.

Ton souffle est court et parle des vignes
chaudes de la Saint Barthélémy.

Je bois la terre dans tes cheveux et dessine
en creux l'empreinte claire du plaisir.

Un vélo hollandais

C'était un vélo haut et gracile
au Bordeaux écaillé. Depuis longtemps
ses pneus s'étaient fendillés et on me confia

qu'un jour des garnements oisifs les tailladèrent
à l'envi. C'était un vélo haut pour sillonner
les rues calmes de ta ville. Je le connus un temps

puis jamais plus ne le vis. Que devint-il ? Je ne sais
mais je rêve. À celle que tu fus, à celle que tu es
et dont la pédale gracieuse enchantait la cité.

Tango


Le tango lancinant a balayé la brume
Le couple assoiffé de langueur
vacille et titube,
 La note suspendue reprend et,
Nos amants détournent leur regard
Vers l'horizon frémissant.

Ils savent qu'à l'heure choisie,
Ils partiront en sautillant,
Vers d'autres lieux plus distrayants,
Pour se donner entièrement
A la cadence chaloupée
De la mélodie évaporée.

Langues croisées

M'agrada sentir la remor del cel al capvespre.
J'aime entendre le bruit du ciel quand vient le soir.
Els ocells ens segueixen i la tarda se'n va.
Les oiseaux nous suivent et l'après-midi s'en va.
Penso en la nit propera on ton somrís s'unirà al meu.
Je pense à la nuit proche où ton sourire s'unira au mien.

Haïku de la danse immobile

Ils attendent tous deux,
la nuit sent le poivre épais.
leurs yeux enfin dansent.

Tanka de la pluie


Pluie froide d'Avril
Abreuve la pie joyeuse
Belle surprise !

Et le chat ravi la suit.
Les gouttes d'eau sont parties.

Tanka du poivre


Miel de Sichuan
Douceur et amertume
Papilles citronnées,

Saveurs voilées du palais
Toi le poivre adoré.

Escargot


C'est jour de pluie
L'escargot peureux
A pris son parapluie
De voilage neigeux.

D'un pas vaillant il penche
Ses antennes toutes dorées
Vers la feuille qui le tente
Mais à tenir son abri léger

Il chancelle et se laisse tomber
Dans le miroir douteux
Où il aperçoit tout étonné
son autre moi fabuleux.

tanka de Judée

Arbre de Judée
Sitôt paré de mauve,
De printemps sucré,

Tes nappes bien ciselées
Volent en tourbillons frais.

Tanka de la pluie de printemps

Au fil bleu d'avril,
je vois un rideau qui pend
et voile ma vue.
Où es-tu qui joues à cache
cache derrière la pluie ?

Une machine à coudre

Quel étrange objet pour qui ne sait plus
ce que coudre veut dire. Un napperon fushia
fané la recouvrait dans un coin du salon.
Enfant, je m'extasiais devant son incompréhensible
mécanisme et je faisais jouer la pédale avant
de me graisser les mains.

Ce n'est que bien plus tard que je me rendis compte
qu'elle était carénée d'un bois presque précieux.
celui des contrebasses

et des avirons. Tremplin sage, talisman souriant
qui m'inviterait à faire de chaque lieu traversé un monde
hospitalier où installer, un temps, mes meubles.