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dimanche 30 juin 2013
Vivre
Une fin de juin
Le pouvoir des mots
Le pouvoir des mots libère,
il n'asservit pas dès lors qu'il
déserte l'alcôve ou la tribune
pour l'humble feuille blanche
par la nuit partagée. Tu parles
et te tais. Je te lis et te vois
dans ces terres du bout du monde
si proches et si tangibles que je les
reconnais, à peine je les lis.
samedi 29 juin 2013
Sichuan si proche
Centaines
Les centaines défilent, par ta main, à présent.
Je les cueille au soir venu, dans le silence de
l'écran blanc. La chaleur m'étourdit mais les yeux
s'écarquillent. Tu atteins à la maturité dans l'écrit
et les photos, ton invention, portent lettres et syllabes
vers une compréhension totale. Tu m'as appris à te
lire voici deux mois à peine. Des vers brefs et mesurés,
au début, d'amples étoffes par la suite. Tu prends ton
envol sans jamais t'éloigner. Bien des blogs t'accueilleraient
mais tu restes fidèle à l'ombre de Sichuan, au parfum si léger,
et rebondis toujours, de jour comme de nuit, pour célébrer
l'été qui s'épanouit dans le raccourcissement des jours.
Dans le silence
Vie des autres
vendredi 28 juin 2013
La vie des parapluies
jeudi 27 juin 2013
Entrechats
La vie en couleur
mercredi 26 juin 2013
Vivre
Tanka soir
Imagine
Vélo
Mon vélo ne pèse ni n'a de couleur.
Ses pneus sont de coton, sa sonnette
un sourire. Jamais il ne circule sur les
étroites chaussées ni l'esplanade ombreuse.
Sa ville ce sont tes vers et tes poésies mille
qu'il avale d'un sens et lit en hoquettant.
Je l'enfourche souvent, au matin comme le
soir et jamais ne le láche sinon pour moi
écrire. Mon vélo esr un songe que tu nourris
toujours.
mardi 25 juin 2013
Paysage urbain
lundi 24 juin 2013
Temps de l'amour
La nuit du loup
dimanche 23 juin 2013
Livre
Rumon
Sable
Ton sable se mouille
doucement pour faire
empreinte de tes pieds
menus.
L'éternité d'un passage
dans une poignée de
silice. Silence, babouches
qui glissent.
Suprême
Suprême intelligence
Ton visage tes mains.
Soleil qui jamais ne se
couche.
Images douces et fortes.
Respect, lueurs violines
Beauté du monde
Humilité
Elle n'est pas mon fort
mais la vanité ne l'est pas
non plus. Les années qui
passent m'ôtent le goût de
juger les autres. Le monde
glisse et je le regarde. Émerveillé.
Monde illusoire
samedi 22 juin 2013
Tanka des générations
Échanges profonds.
Paroles de purs diamants.
Mon fils, tout amour,
m'enseigne la vie qui passe,
plus belle que les nuages.
Tanka douceur
vendredi 21 juin 2013
En été
Procuration
J'aimais une chanson triste qui parlait
d'une jeune femme esseulée contrainte
à la vie procurée.
Et voilà que je vis par procuration dans
la joie. De la main de nos enfants partis
loin et qui me rapportent
des terres étrangères qui un fromage, qui
un pâté, qui une bonne bouteille. Est-il rien
de plus beau que d'apprendre la vie de ses
enfants ?
Saint Siméon
Silence foisonnant
Lèvres closes sur les mots,
discours qui passe par les
mains. Silence foisonnant
que tes yeux clos préservent
et que je saisis un jour, à la
dérobée. Délicieusement.
jeudi 20 juin 2013
Pour honorer Rumi
Mon rêve
Dix heures et demie du soir en été
et chaque année encore, j'exhume ce titre
de Marguerite Duras que je porte au fond
de moi, Dix heures et demie du soir en été.
Car, curieusement, ce qui me fascine le plus,
c'est de frôler les portes de la nuit et de les
nimber de pâle. Jamais je ne connus du pôle
les aurores boréales ni de la haute Écosse,
le soleil permanent, mais je rêve de nuits qui
n'en seraient point où je pourrai marcher sans
crainte le long de murs frais gris perle. Je sais
pourtant que, dès demain, l'angoisse du déclin
du jour m'étreindra.
Baie bleue
Été ?
Lignes tracées
Sagement, avec constance,
tes lignes portent des bibliothèques
entières dans chaque point d'encre
grasse.
L'arbre aux songes est siège pour
les femmes lectrices. L'homme court
et oublie le repos.
Tu cueilles un instant son attention
et lui enseignes l'essentiel : plaisir
simple des bibliothèques de signes
et de la graisse des encres.
Arbre aux livres
Ma Grèce de fantaisie
De soins plus importants je l'ai crue agitée,
Seigneur...", Ma Grèce, ce sont les vers d'Oreste
dans l'Andomaque de mes douze ans.
Nulle crise, nulle télévision subitement fermée
au troupeau irascible des consommateurs du soir.
Non, des colonnes de carton et les alexandrins
de Racine, si peu grecs je présume, et qui guidèrent,
patiemment, mon apprentissage de la langue française
et de ses étranges mythologies.
Mots
Mots étranges et que le vent conduits
La poésie est contrainte qui libère
parfois. Les corps s'éloignent et l'esprit
seul relie. La vague a passé, l'empreinte
du pied sur la grève demeure. Lecteur,
sois bienveillant pour les croiseurs de mots.
Nature
Nature foisonnante dans tes mots
neufs comme un baume patiemment
appliqué. Derrière tes mots, l'épaisseur
du désir qui recherche la porte étroite
que la main ne peut ouvrir, avance,
étreint, subjugue puis se relâche.
La semeuse a froid que le printemps,
patiemment, avait drapée de lettres, de
souffles et d'esprit renouvelés. Obscénité.
mercredi 19 juin 2013
Coucher
L'homme fleuve
Mentir
à petites doses ou à grandes
louchées. Ma langue était
insulte qui se voulait paisible.
Je ne le veux plus. Une rencontre
neuve me mène vers l'ailleurs et
je ne veux sautiller sur deux plans,
en amour, tout au moins.
Mais je ne veux perdre l'échange rare
et subtil que l'entrelacs fit naître
et mes yeux où qu'ils soient à te lire
toujours cherchent et cherchent encore.
mardi 18 juin 2013
Ma fleur
Bourgoin-Jallieu
on l'on jouait incongrûment à un sport du grand
sud. Parfois, je feuillette des pages jaunies
qui parlent du rugby à Bourgoin, de son casino
aussi, que l'on fit diriger par un vendrois brillant,
joueur à plusieurs postes.
J'attends l'automne et ses vendanges qui m'y guideront
à l'appel de mon grand, sagement expatrié, pour caresser
du Pézenas de Molière le cuir tendre de ses enfants.
Brouillons
il a trente-sept ans,
imprimé un printemps
que l'on voulait d'espoir.
Le sujet a perdu de son lustre,
le matérialisme historique ne
paie plus. Sous la reliure marquée,
des brouillons écrits d'une lettre
claire et bleue. Listes, notes,
idées, flanquées d'un stylo simple
et d'une paire de lunettes paisiblement
posées. Manqueront-elles à leur auteur,
mon hôte ? Je ne sais mais avant de le lui
demander, je me plais à imaginer qu'il en
détient plusieurs pour chacune des activités
de son inestimable vie
Silences
quand le jour vous accable. Le Talgo
pendulaire est étroit et ses cahots
nombreux.
À Castellón de la Plana, une ondée
torrentueuse n'a su pénétrer les vitres
grises ; le public s'est lassé, fouillant
dans ses vivres pour mieux s'y oublier.
Me voici à Valence, l'air y brasse des
chaleurs sans fin. Je suis dans une maison
de livres, dans toutes les pièces, du sol au
plafond. La tentation est grande de m'y abîmer.
Mais les paupières sont lourdes et déjà la ville
m'appelle. Saurai-je m'y orienter et y glaner
les éléments infimes dont tu ferais merveille,
assise sur le marchepied des rêves ?
Clochettes
Maison de pierre
lundi 17 juin 2013
Tanka chaud
Avenir
Âme blanche
dimanche 16 juin 2013
Seize juin
cette année-là. Le ciel se fit
de carton quand ton frère me
convoya.
Je ne me souviens que des cris,
dans cette ville hostile, et cet
appartement désormais insensé.
Nous fuîmes, nous prîmes un autre
appartement, tenu par un margoulin
matois. Rien ne fut pareil,
jamais. Que sont les siècles pour la peine ?
Un quart s'en est allé et elle demeure,
éternelle question et tendresse volée.
Vingt-cinq
Source de vie
grille. Mes yeux en disjoignent
l'épi. Sept grains, peut-être huit,
la dent, avec une amertume neuve.
Où sont les pâtes moelleuses qui les
Destin
Plage
Le vent a forci et les jeux sont laissés,
les quatre du même sang sont sur la grève.
Des sacs tirés, ils se régalent de mets tiédis
et imaginent l'été sur la plage immense. Ils
retrouvent enfin le temps des piques-niques,
du repas préparé que l'on avale en riant et de
ces jours d'été où rien ne vaut tant que de
s'étendre sous le feu tendre du pays.
samedi 15 juin 2013
Blanc bleu
Chevalier des cœurs
Statues
invariablement de pierre terne
ou de bronze terni.
Elles alourdissaient le regard
et pénétraient la terre. Les jours
nouveaux en offrent des variantes
que tu cueilles à foison. Légères,
immatérielles, ces nouvelles statues
fourmillent de couleurs et associent
aisément les ennemis d'hier. Sous le
cliché apparié, les géants, en couleur,
peuvent enfin se regarder.
Géants
vendredi 14 juin 2013
Pleine
Je veux
Les musiciens
Il n'est pour moi de musiciens
que de Brême et leur image
leçon de liberté. Un monde se crée
en peu de mots qui jusqu'à nous
si tendrement rayonnent.
Retours
au site qui t'a vu déployer
tes ailes. J'y lis ton passage
et le retour d'un cueilleur
de mondes petits et qui est
tant pour nous. Donner la vie,
puis l'élever, dans le battement
des seconds pour toi, des semaines
pour moi et s'émerveiller enfin de voir
qu'il nous ouvre du monde la porte vive.
jeudi 13 juin 2013
Retour
coeur planté
Cœur rouge
le temps d'une respiration
la respiration se calme
Un papillon vole.
Une caresse posée
sur ma joue. Est-ce un rêve?
Envie
mercredi 12 juin 2013
Étoile de sable
Chaleur
Brême
La femme-fleur
elle vit dans les rêves et de là
me sourit. Existe-t-elle ou l'inventé-je ?
La femme-fleur est esprit qui balaie
mes cils fatigués. Ma confidente, mon
jardin en miniature. Quand cesseront
mes chants et que la terre m'avalera,
j'aimerai que mes cendres s'y mêlent
éternellement.
L'Argentine de Gardel
si lointaine et si proche.
Par amour, un ami romancier
s'y fit auteur de séries d'amour
pour y rejoindre sa bien aimée.
Tango des bordels où les hommes
dansaient entre eux. Un Dieu qui
n'était pas de là mais de Toulouse.
Voix de séducteur en poche, Carlos
Gardel m'y accompagne la nuit.
Envie d'écouter l'espagnol prononcé avec
des traces d'accent italien sur les trottoirs
de Buenos Aires. Pays inaccessible et
pourtant si proche et si aimant.
Argentine
Galatée
folie d'un vain sculpteur,
elle ne bouge sous la soie
et ne frémit pas sous l'organdi.
Pygmalion a beau faire, je préfère
encore un lion pygmée à sa créature
factice. Les mots ne sont rien, si la vie
ne frémit sous eux. Il y a dans le regard
d'un enfant plus que tout Baudelaire et
Apollinaire aussi.
mardi 11 juin 2013
Bonsoir
Tu écris toujours avec élan
dans la facilité du Maître des
mots et des tournures.
Pygmalion toujours en éveil,
Tu tournes autour de tes
idoles et façonnes tes oeuvres
dans la précision du ciseleur
à l'oeil sûr et rieur. La muse
est devenue soudain la mue
de mon abécédaire du coeur.
À Perpignan
À Perpignan, les anges aiment le vent,
Leurs ailes sont plus courtes et leur
Sourire se renfrogne. Les anges aussi
Ont leur saute d'humeur qui leur fait voler
Des fleurs rosées le pistil le plus pâle pour
En faire présent à la reine du verger.
L'ange du parc
Hiéroglyphe
et sacrée. Au fusain et
à la sanguine.
Sang de vie, crayon de terre
et de feu. Union en pensée
et qui se sent plus
qu'elle ne se voit. Écriture absconse
que peu savent percer mais qui
régale les seuls initiés.
Baiser
Comment lis-tu
Restes-tu des heures ou laisses-tu
le sommeil te gagner ?
L'écrit pénètre-t-il tes rêves et les
féconde-t-il, guidant ta main dans le choix
de tes si belles photos. Je ne sais. Je songe.
Cinquante cinquante
Faut-il
Tu es libre et libre je suis.
Les salines dessinent au matin de vastes taches
rosées qui disent du monde toute hiérogamie.
Des crevettes s'y aimèrent, insensibles au regard ;
de leur étreinte, ne demeure que la vapeur rosée
qui ensemence le monde et régale le plat. La soupe
sera chaude, sous l'œil des vrais amants. Ils la partageront
dans le sel de la vie, avec des bruits de succion, des tintements
de faïence. Ils seront eux aussi, que l'on croyait perdus.
saisons
parfois de la journée. Les enthousiasmes
s'envolent que l'on croyait pérennes.
L'on s'attache aux mots, aux vers, aux tableaux
d'un monde proche et d'une grammaire neuve
et l'on cherche une complicité à travers eux.
Confiance, distance, défiance. Les fiancés
sont bien loin qui ont grandi et mûri. L'une d'eux
écrit si bien que l'autre l'espère, matin et soir.
lundi 10 juin 2013
Balancelle
d'un vieux rose fané.
Ses pieds sont rongés
Le temps les a usés.
la brise douce de juin
soulève les mêches
de nos cheveux fins.
Nos bras hésitent
à se frôler et nos
sourires sont timides.
Nos pieds battent
La mesure et
La balancelle vogue
au gré de notre envie.
Des cris d'enfants
au loin, se joignent
au grincement ténu
de l'armature écaillée.
Je veux garder ce temps
Et m'endormir doucement
Dans un balancement de
nos regards croisés.
Confiances
s'accrochent désespérément
à leurs points de subsistance !
Farce bien étale que le dialogue
et les je t'aime lancés à foison
Illusion des écoutes bienvenues.
Les confiances ne sont plus.
Chacun se sert dans le sac
des désirs et des envies.
Vers qui se tourner quand
même au miroir certains
arrivent à faire croire.
Les mots se sont tus,
Les regards se voilent
dans le noir du refus.
Papilion
deux ailes qu'il remue lentement. Le papilion
n'a pas besoin de rugir ni de bruisser pour
effrayer. Il les déploie et l'Afrique entre en moi.
Odeur de savane, mil que l'on pile, lions imaginés
plus qu'entraperçus en ce soir de juin doux.
Papillons bleus
dimanche 9 juin 2013
L'ombilic de tes rêves
Mon doigt dessine autour de ton nombril
de sable un joli escargot de douceur.
Il rayonne la nuit comme une constellation
de quinquets tièdes et s'envole au matin
avant que ne me réveille. Ferme les yeux,
endors-toi, il sera ta veilleuse toute la nuit durant.
La promenade des escargots
Édifice
Galets de verre
Liberté
Cafétéria Llibertat recluse en marge de Gràcia.
Sur l'écran, la guimauve de la une en espagnol,
derrière moi une chanson d'amour en chinois,
le café est bon et le croissant moelleux. J'aime
sentir Barcelone entrer en moi, de la main d'étrangers
qui sont sa force et l'empêchent de s'assoupir.
Dans quelques heures je n'y serai plus. jusqu'à la fois
prochaine. D'ici là son parfum, divers, m'entêtera.
Barcelonaître
j'étire le matin derrière les persiennes closes.
Mes vers se veulent hommage à toutes ses profusions,
en femmes, en hommes, en lieux. Trois jours sont peu
qui pourtant me fécondent. Le printemps n'est déjà plus
qui a tardé à naître. Je sens poindre l'été et lui fais
révérence. Est-il d'ailleurs rien de plus beau, au cœur
du quotidien, que de barcelonaître, toujours et à nouveau ?
À la petite semaine
je souris des emportements de ton cœur.
Je ne suis qu'un gagnant, à la petite semaine,
qui te jette des cailloux dont tu fais des montagnes.
Ton amour est partout et qui pourtant se tait. On
te torturerait que tu ne l'avouerais point. J'aime
que tu ranges mes cailloux dedans tes blanches mains
et en fasses semence blonde pour les champs du matin.
Rencontres littéraires
personnage. Trois amitiés
et des vies débordantes.
Un sachet de papier rempli
à craquer de quelques-uns
de leurs livres récents,
quelques mois de sueur, de sang,
beaucoup d'espoir. Trois styles
différents et un même amour de
l'humaine condition.
Silence, constance
Silence de la nuit,
constance des pensées.
Une brise fraîche entre
par la persienne lâche.
Elle me tient éveillé,
tout à tes présents :
ton vin en écho des
verres partagés avec
Xavier G. au cœur de
Barcelone, un soir
de printemps.
samedi 8 juin 2013
Un peu de vin
L'horreur et le bonheur
L'horreur et le bonheur,
au même moment, à quelques
centimètres de distance.
L'horreur, ce furent ces musiciens
du métro, Kosovars et Péruviens,
qui nous assommèrent de couacs
amplifiés artificiellement. Le bonheur,
ce furent les regards pétillants des voisins,
moins ironiques que complices en humanité.
La musique adoucit les mœurs, dit-on, je ne sais,
mais ce que j'ai appris sur les lignes rouge et verte
du métro de Barcelone, c'est que la mauvaise musique
peut faire naître un instant de bonheur.
Vespa Bis
qui hantent les rues d'Espagne.
Je me souviens de ces deux
roues qui parcourent la botte
D'Italie.
En passant par les jeunes effrontés
qui, il y a plus de trente ans, suivaient
en hurlant l'autobus sur les routes
escarpées menant à Amalfi,
Sur leurs engins de couleurs passées.
Leurs enfants nous ont fait patienter
aux feux à Naples et à Pouzzoles
dans cette baie surchargée et chaude.
Et je souris en repassant la visite
en pays montagneux d'Aoste,
au jour d'exposition des ancêtres
Vespa, qui faisaient la fierté de
leurs propriétaires. J'aimerais un
week-end à Rome, accrochée
A toi, roulant, poursuivant un
Moretti heureux de nous ouvrir
notre voeu.
Temps étiré
Le toit résonne des gouttes
et le ciel est bas et triste.
Le temps semble lourd
La vie s'est suspendue
dans ma chambrette.
Mon coeur griffé de soupirs
cherche à calmer ce temps
qui n'en finit pas de passer.
Pourtant je suis fébrile, je
veux avancer plus vite
et mon sang me dit de
m'apaiser en ce jour frais.
Tout se mêle à mes pensées :
Le temps s'arrête et reprend.
Ma profusion
de luxe, ni les pouvoirs dérisoires, ce sont
les mets que l'on prépare lentement pour
m'accueillir
ou les livres que les amis m'offrent à foison.
Je reviendrai de Barcelone avec près d'une
dizaine d'entre eux. Petits, gros, légers,
lourds, reliés ou brochés, en vers ou en prose.
Romans, nouvelles, poèmes. Des semaines, des
mois, parfois deux années de travail, le cou
courbé sur le clavier, tôt le matin ou tard le soir.
Des livres si différents et pourtant si empreints
d'une chaude humanité. Ma profusion, ce sont eux.
J'entrouvre le sachet et les sens déjà frémir, ces
pierres vives qui demandent ma lecture avec, en
marque-page, les tickets des bars où vous, mes amis
me les avez offerts.
Un parcours inattendu
Nous avions parlé jusqu'à plus soif,
feuilletant les livres qu'il m'avait
apportés dans un sachet de papier,
à l'enseigne d'une maison de sport, quand
il me proposa de me conduire sur les lieux
de son enfance et de son œuvre. La réalité
se teintait de fiction. L'air était tiède
et sombre. On donnait une fête bruyante dans
une belle demeure aux volets clos et au jardin
doré par l'alcool. Nous commençâmes par la rue
du Vent où vit encore sa mère. Nous y passâmes
rapidement de crainte de l'effrayer, puis nous
continuâmes par la rue de Salses où vivait le père
du héros de Loin d'ici. À mesure que nous entrions
dans le monde réel, la fiction s'imposait. Le climax
fut, une fois passée l'ancienne roselière, ces petites
maisons basses à bon marché, chamarrées de tons clairs
et qui semblaient tirées d'un Buñuel mexicain. Nous finîmes
par son ancienne école primaire, l"école nationale" comme
on disait alors dans une langue imposée qui n'était pas celle
des enfants des rues. Le métro nous sépara, prolongeant le parcours
dans une nuit de mots.
vendredi 7 juin 2013
Tanka nuit profonde
Espaces-temps
Il n'est d'espace hors du temps qui le façonne
et nous y invite. Dix-neuf heures sonnent dans
ma tête et la cafétéria Berlin n'a plus rien de
celle qui m'accueillait ce matin. World Music,
gin-tonics, bières en bouteille. Le travail est
loin et l'on pense aux plaisirs. Le catalan du
matin se mâtine de castillan. On rit fort et les
verbes sont hauts. Le ciel est encore clair mais
la nuit veille qui m'emmènera bientôt à Horta.
Quadrillage
Se laisser emporter par le quadrillage
sage des rues, assoupies à l'heure,
tardive, du déjeuner. Fermer les yeux
et se guider aux sons. Deviner derrière
les plus graves , la pauvre vie des humbles,
les heures sans sommeil, le logement
précaire. Puis les rouvrir et se laisser
envahir par les sourires cueillis, au hasard,
et qui suspendent, heureusement, le temps.
Chars à voile
Horizon impossible de ma petite
enfance, ils glissaient au loin sur
fond de mer d'Iroise. Aujourd'hui,
en quelques vers, tu me les dévoiles
et les rapproches. Un monde s'ouvre
que je croyais définitivement fermé.
Vent
Plaisir des bibliothèques
Plaisir des bibliothèques,
de la salle de presse surtout,
où les pages se tournent dans
un froissement d'ailes de colombes.
peu ou pas de voix. Du métal qui
s'échappe d'un casque mal ajusté,
le cliquetis de deux ou trois netbooks
entourés de livres à la tranche grisée
par des centaines de mains anonymes.
J'aime y lire et y boire la vie des autres,
à petites lampées. Mais déjà le soleil
m'appelle au dehors. je me lève et sors...
L'autre Berlin
Une poutre d'acier riveté
soutient un plafond à caisson
sale qui rappelle vaguement
les tropiques. Deux énormes
ventilateurs tranchent l'air
tiède du matin. Peu de gens
à cette heure. La faïence
s'entrechoque sur fond de
de disco usé et le temps glisse.
J'y suis bien. Ah, j'oubliais, Berlin
est le nom d'une cafétéria sise à
Barcelone à l'angle de l'avenue
Diagonal et de la rue Muntaner.
Les cent ans du Turó Parc
Demain on fêtera ses cent ans,
pour l'instant les terrassiers s'affairent.
Parc curieux qui me charme depuis
toujours. Entouré d'immeubles bourgeois vitrés
mais aveugles, il est un conservatoire en petit.
c'est là que je vis les premières perruches
échappées d'Amérique. on y tourna naguère
un film fort et profond, "Un pistolet dans chaque main".
Demain les enfants joueront et l'on boira du vermouth
à l'heure où le jour triomphe de la nuit.
Vespa
Son nom veut dire "guêpe", en catalan
comme en italie, son pays d'origine.
son bourdonnement est partout et,
bien avant le lever du jour, elle en
signe l'imminence dans les rues montantes
de Barcelone. Au gré des feux, son bruit varie
du filet isolé au vacarme étourdissant. Elle
n'est le propre d'aucune classe sociale. S'y
juche aussi bien l'homme d'affaire cravatté
que la jeune femme dont l'épaisse chevelure
déborde du casque en bol avant de retomber
sur la veste en jeans à pointes et épingles.
De l'antique Vespino aux puissantes
japonaises, elle m'accompage depuis
plus de trente ans sans que jamais, timide,
je n'y sois monté.
La salle Beckett
Ce fut un ancien garage
dont elle a gardé les abords ;
un promoteur la tient déjà
entre ses mains
mais elle lutte encore, dans
le silence ouaté des murs tendus
de noir et de blanc.
À l'entrée est un petit bar où l'on
s'abreuvera au sortir du spectacle.
Nous sommes jeudi
et le spectacle s'intitule mercredi.
On remonte le temps à peine l'on
s'assied. Le catalan parlé
a l'onctueux de mon île. Les deux
personnages, Pau et Júlia, parlent
sans se parler. Miroirs fragiles,
c'est de nous qu'ils parlent, à mots
intelligibles. L'heure et demie s'est
envolée dans les vingt-et-une saynètes
tirées au sort de boules d'inox. Il est
temps de sortir. Une "pomada" nous attend,
gin fleuri en robe de citron, qui fleure bon
Marcher
ses pieds et la course du soleil,
tel est le prix à payer pour embrasser
Barcelone, longtemps insaisissable.
Le quadrillage est trompeur. Pas une rue
ne ressemble à une autre. La vie au ras
des murs de décide et les passants font
le reste, ente jasmins et bougaivillées.
Le soir, les murs épais rendent la chaleur
et la foule grossit. La bouche de métro
accouche de visages et d'attitudes neuves.
On cueille des sourires comme on gaule les noix.
La nuit, très vite, vous avale et il faut
repartir, l'estomac plein de bière ou de
mauvais rouge de l'été vers l'au-delà de
la ville, dans l'en-deçà des voix.
jeudi 6 juin 2013
Géants du désert
Horta
Hapax
mot délicieux dans la
bouche de mon fils
qui fait tourner avec grâce
tous les mets avant que
de les manger. Instrument
indispensable à la confection
succulente de chaque instant,
toute de bois vêtue, elle
se teinte au gré des envies
de rouge,de vert, de doré.
Patinée, usée, elle continue
son chemin dans les casseroles.
J'aime ces mots de famille,
inventés au coeur de la chaleur.
Envol
des ramiers niché dans le
pin depuis des années, les
réponses répétées des fines
tourterelles turques au collier
foncé répètent en choeur :
Envole-toi, n'attends plus
rassemble tes lointains
rivages, respire l'air qui
t'appelle au large de ton
espoir et pousse les portes
du chemin que tu hésites
à regarder et à respirer.
Ton souffle est celui des
êtres libres aux yeux d'ambre
et de jade. Envole-toi et suis
le tracé de nos ailes. Souris
et surtout envole-moi !
Avec parcimonie
Elle marche avec parcimonie
dans les allées ratissées.
À ses pieds des fleurs sur
ses ongles dénudés.
Je mets mes pas dans les
siens et je retrouve les marches
anciennes quand nous étions si
jeunes que le ciel en riait.
Chaptal
mercredi 5 juin 2013
Un robinier doré
Mon jardin est le tien
où nous allions autrefois,
t'en souvient-il aujourd'hui
que nous le partageons ? Ses
hautes portes se sont closes
pour deux d'entre elles et
des pans entiers se tapissent
derrière le grillage vert.
Ses bancs placides sont toujours
durs, délicieusement, et les devis
nous y lient, encore plus sûrement
qu'hier
Le cerf-volant captif
les fils de soie qui le font
virevolter et le retiennent
à la terre mère de la main
de l'artiste.
Mais l'artiste divague et va
de digue en plage, donnant à
l'oiseau de papier le sentiment
de l'étrange liberté.
Tel n'est pas le cerf-volant vu
ce soir, gros choucas de plastique
tenu court pour effrayer
les oisillons friands de graines.
Il n'est que dos et pantomime
amère. Un tournoiement captif
qu'on voudrait effacer.
Terre de Sienne
Nos oiseaux
La quête de l'ailleurs, la quête du beau soi
Tu guettes l'ailleurs, tu le quêtes,
jusque dans ton enseignement
où le volcan de l'ailleurs rougeoie.
Tu rêves de l'île de Pâques et des
forêts de Bornéo. Mais, en fait,
c'est toi que tu cherches, libérée et
sereine.