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mercredi 29 octobre 2014

Aux premières lumières

J'aime errer dans les rues
quand s'allument les ampoules
de la ville. L'harmonie de mes
yeux danse avec les ombres
effleurées derrière les fenêtres.

Et l''étincelle de mon regard se
façonne au crépuscule, ainsi qu' un
un rebond de la vie nocturne qui
m'attire et m'absorbe dans le
courant. Les rencontres

deviennent feutrées et font plisser
les paupières dans leur sourire.


HIC ET NUNC

Je ne crois ni aux lieux ni aux espaces,
je ne crois qu'à l'avoir lieu et aux
espaces-temps. Et quand je vois un café,
je l'imagine la nuit venue, porte close.

Ce matin, dans la lumière laiteuse de Béziers,
j'imagine le Bar à Lire de Sète où je fus naguère.
Dans l'entre-deux. Après le coup de feu de midi,
fourneaux éteints. L'odeur des mets partagés

flotte encore, se mêlant aux vents coulis qui apportent
la rumeur du port. Je suis assis dans l'encoignure,
un volume ouvert entre le pouce et l'index. C'est un
vieux livre, imprimé sur papier bouffant. Il y est

question d'un port et de gens interlopes, je crois y
reconnaître la main de Carco, mais suis trop fatigué
pour m'en assurer. Je laisse les lignes danser, je me
penche sur la page et en fait ma plage. Supplique pour

y être enterré.

Le Bar à lire

Prenez la Grand-rue serrée entre deux rangées
de murs défraîchis et laissez divaguer votre esprit
jusqu'à buter sur une ancienne boulangerie aux
stores repliés. Poussez la porte de verre. Fort
Car elle racle puis laissez-vous gagner par les
odeurs d'épices et de ragoût. Résistez à l'envie
de fermer les yeux pour les mieux savourer.
Décillez-les au contraire et faites votre miel
des livres pêle-mêle. Choisissez une table
au hasard. Asseyez-vous et écoutez. La mer,
la mer toujours recommencée dans les pas
de Brassens. On mange large et bien comme
chez soi, autrefois. Rosanna est au fourneaux
qui attendrit les viandes et Sophie abat les murs
de son pas léger. L'opulence fait de l'assiette un
plat. Nul formalisme. Ici la table est franche,
les produits bien choisis. Si l'heure ne vous taquine,
accompagnez le café fort de mignardises maison.
Et riez, surtout, riez de Mallarmé qui écrivait :
«La chair est triste et j'ai lu tous les livres.»
Ici la chair exulte et les livres sont à lire.

dimanche 5 octobre 2014

ECCE MULIER : ton corps au matin

La fatigue de la veille s'en est allée
avec le parfum de lavande des draps frais.
Tu dors, nuque brisée contre le lin froissé.

Au dehors, des coups de feu sporadiques rappellent
l'automne. Des hommes en bottes battent la nature
brumeuse. Tu es nue, respires à peine, ton corps est

pâle qui repousse l'Histoire de quelques heures ou,
peut-être, de quelques minutes. Je me penche et te
respire. Je ferme les yeux pour mieux te revoir.

Nous fûmes unis peau à peau, souffle à souffle, t'en
souvient-il dans ton sommeil profond ? Il n'importe.
Dehors, quand les chasseurs s'en seront allés, le laboureur

entamera la glaise froide de son soc inclément. Silence du
labour, suspens de la vie circulaire, déjà mes paupières
m'engluent. Je me couche à ton côté et te rejoins. Enfin.