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jeudi 27 novembre 2014
Un duel parmi d'autres
mercredi 29 octobre 2014
Aux premières lumières
quand s'allument les ampoules
de la ville. L'harmonie de mes
yeux danse avec les ombres
effleurées derrière les fenêtres.
Et l''étincelle de mon regard se
façonne au crépuscule, ainsi qu' un
un rebond de la vie nocturne qui
m'attire et m'absorbe dans le
courant. Les rencontres
deviennent feutrées et font plisser
les paupières dans leur sourire.
HIC ET NUNC
je ne crois qu'à l'avoir lieu et aux
espaces-temps. Et quand je vois un café,
je l'imagine la nuit venue, porte close.
Ce matin, dans la lumière laiteuse de Béziers,
j'imagine le Bar à Lire de Sète où je fus naguère.
Dans l'entre-deux. Après le coup de feu de midi,
fourneaux éteints. L'odeur des mets partagés
flotte encore, se mêlant aux vents coulis qui apportent
la rumeur du port. Je suis assis dans l'encoignure,
un volume ouvert entre le pouce et l'index. C'est un
vieux livre, imprimé sur papier bouffant. Il y est
question d'un port et de gens interlopes, je crois y
reconnaître la main de Carco, mais suis trop fatigué
pour m'en assurer. Je laisse les lignes danser, je me
penche sur la page et en fait ma plage. Supplique pour
y être enterré.
Le Bar à lire
de murs défraîchis et laissez divaguer votre esprit
jusqu'à buter sur une ancienne boulangerie aux
stores repliés. Poussez la porte de verre. Fort
Car elle racle puis laissez-vous gagner par les
odeurs d'épices et de ragoût. Résistez à l'envie
de fermer les yeux pour les mieux savourer.
Décillez-les au contraire et faites votre miel
des livres pêle-mêle. Choisissez une table
au hasard. Asseyez-vous et écoutez. La mer,
la mer toujours recommencée dans les pas
de Brassens. On mange large et bien comme
chez soi, autrefois. Rosanna est au fourneaux
qui attendrit les viandes et Sophie abat les murs
de son pas léger. L'opulence fait de l'assiette un
plat. Nul formalisme. Ici la table est franche,
les produits bien choisis. Si l'heure ne vous taquine,
accompagnez le café fort de mignardises maison.
Et riez, surtout, riez de Mallarmé qui écrivait :
«La chair est triste et j'ai lu tous les livres.»
Ici la chair exulte et les livres sont à lire.
dimanche 5 octobre 2014
ECCE MULIER : ton corps au matin
avec le parfum de lavande des draps frais.
Tu dors, nuque brisée contre le lin froissé.
Au dehors, des coups de feu sporadiques rappellent
l'automne. Des hommes en bottes battent la nature
brumeuse. Tu es nue, respires à peine, ton corps est
pâle qui repousse l'Histoire de quelques heures ou,
peut-être, de quelques minutes. Je me penche et te
respire. Je ferme les yeux pour mieux te revoir.
Nous fûmes unis peau à peau, souffle à souffle, t'en
souvient-il dans ton sommeil profond ? Il n'importe.
Dehors, quand les chasseurs s'en seront allés, le laboureur
entamera la glaise froide de son soc inclément. Silence du
labour, suspens de la vie circulaire, déjà mes paupières
m'engluent. Je me couche à ton côté et te rejoins. Enfin.
lundi 15 septembre 2014
Épices, être soi, en face la mer
trop de temps, inconsciemment, comme
pour mieux sentir le poids de l'absence.
Ou la griffure de l'insolence Et puis je t'ai lue,
un chewing-gum a menthol finissant de se
tarir dans ma bouche. Et j'ai aimé, je t'ai aimée
écrivant. Je t'ai approchée pour te reconnaître
et puis je t'ai connue. Un brin. Est-il de perception
plus intelligente que celle de tes épices. Je ne sais,
Je ne veux savoir, ça ne m'intéresse pas, et puis
tu as beau me traiter de flatteur, rien n'y fera,
tes mots ont la douceur de ton cou et je n'y pouvais rien.
samedi 6 septembre 2014
En face la mer
jeudi 4 septembre 2014
la porte
mardi 2 septembre 2014
La porte
lundi 1 septembre 2014
La treizième
samedi 30 août 2014
La machine à coudre
vendredi 29 août 2014
Épices
mardi 19 août 2014
L'ampoule à incandescence
d'un réaménagement, j'ai retrouvé une ampoule,
comme on n'en fait plus, l'une de ces ampoules
accusées de jeter l'énergie par les fenêtres.
Son globe, non dépoli, tenait en main et gardait
encore des éclats de peinture blanche, souvenir
lointain d'un rafraîchissement de plafond, un jour,
à Montpellier. À l'intérieur, telle la ballerine
d'une boîte à musique, le filament dansait.
J'enfichai sa douille dans un plafonnier nu, vissant
avec peine son culot oxydé. Je descendis de l'échelle,
commutai et touchai le globe jusqu'à rougir mes doigts.
Encore aujourd'hui, je garde, au creux de ma paume, la marque
vive de cette découverte fortuite et pense, enfin, aux jours
heureux que je vécus la bas et, ingrat, ne sus pourtant goûter.
samedi 16 août 2014
Ta main est chaude
tu me tiens et t'abandonnes ; la porte dépolie menace de
ses ombres l'équilibre retrouvé.
Viendront les baisers, bouches cousues, les cous se frôlant,
les mots réinventés et l'au-revoir timide. Un bras nous avait
joints que l'on croyait brisé.
Qu'elle était belle, la chair de notre chair, qu'avant la Noël,
la vie sut nous offrir. Depuis le funambule court et, parfois,
la corde rompt.
Son sourire jamais ne se brise, il a la parole lente, le verbe
riche. Un instant je crus que la douleur avait quitté cette salle
des pas perdus qui jamais ne reviennent.
jeudi 10 juillet 2014
Vie de crayon
samedi 5 juillet 2014
Tissus de carnaval
largement du rouleau qui les contraint,
ils offrent en silence leurs couleurs.
L'heure est grave, l'air de la fin juin
pesant. Des femmes à lunettes, encombrées
de mètres clairs, passent sans les voir,
ces étoffes chatoyantes vers lesquelles
elles courront dans neuf mois à peine,
mères et grand-mères aimantes, désireuses
du plus beau déguisement pour leur enfant
en carnaval. Arlequins, aventurières, mages,
annamites énamourées, tout sera alors bon pour
désordonner les sages rouleaux. Mais, pour l'instant,
taisons-nous, le monde n'aime pas les bouleversements.
jeudi 12 juin 2014
Le puits abandonné
qui s'abreuvait au fond de l'obscure
paroi ? Les doigts se sciaient à le
lentement remonter mais quelle joie
de le verser dans le cuvier de bois
plein avant d'y plonger les bras puis
les mollets. Les ans ont passé et le puits,
tari, s'est effondré. La source d'eau
vive n'est plus que je traque pourtant
sans relâche. Un moment, un seul, me la
rapporte parfois : en juin, au matin,
quand la rosée froide d'oiseaux m'éveille.
jeudi 5 juin 2014
Pureté
les orphelins
mercredi 4 juin 2014
Le monde entre ses mains
Deux gitanes
Portant le même parfum. Sages
dans leur robe de papier lissé.
L'une avait la nostalgie des champs,
l'autre celle du fouloir de linge dont
on fait le papier des livres et des
procès. Elles attendaient tranquillement
qu'une main amie vienne les caresser,
hésitant entre l'une et l'autre avant de
les porter à la bouche et de les embraser.
Vous ne les trouverez pas, elles ont disparu,
l'une avec son bout filtre et l'autre papier maïs.
dimanche 25 mai 2014
Géocaching
Une branche, une pierre ont pour toi autant
de prix qu'une icône byzantine. Tu t'y initias,
tu y excelles et, à ton tour, tu parsèmes le monde
de ces trésors enfouis. Un jour j'aimerais découvrir
un cylindre secret par toi, un jour, dissimulé.
vendredi 23 mai 2014
Marges urbaines
Dans le fossé : un écriteau encadré de rouge
et barré. Le nom lui est dénié et les escargots
lents l'envahissent. Leurs coquilles visqueuses
éclatées disent son impossible franchissement.
Je frotte, du bout de la semelle, l'asphalte
poudreux et je pense aux mois futurs où la frange
s'émoussera et où la ville gagnera encore sur la
glèbe qu'elle desséchera en parallélépipèdes éteints.
Faubourgs, banlieues, périphéries, cités, les noms
s'empilent pour nommer la zone d'Apollinaire, le glacis
des artilleurs. Mon amour des villes y survivra-t-il ?
mercredi 21 mai 2014
En lisant, en écrivant
Vade-mecum orphelin des pages qui le firent, il préside,
tutélaire, à mes actions. Je ne puis écrire sans lire et
la découverte de la main amie sous mes yeux féconde
mon texte à venir. Cadou, Lilore, Vinyoli -sur qui
je parlerai vendredi- m'enseignent les mots et les vers
que vous lisez parfois en accrochant mon nom à l'angle
vif de votre regard d'enfant. Leurs lettres tièdes sont dans
une bourse de soie. Je les secoue et plonge la main pour
composer mes mots et mes images. Je m'y vois moins que
je ne les vois malgré la distance et le froid aigre du temps.
Je peux alors m'étendre et dormir jusqu'à plus soif. Enfin.
mardi 20 mai 2014
Le pied d'une chaise
et la chaise est bancale, l'étudiant
s'agace, il frotte, peste puis se lève
et la quitte pour une autre plus stable.
Moi, je pense au pied esseulé, rejeté.
Déjà qu'au lieu de naître torsade de bois
peint au bas d'un fauteuil Voltaire, il a été
ripoliné à la hâte dans un atelier aveugle du
su-est asiatique et le voici écaillé et amputé
de la seule douceur qu'il lui fut donné de connaître
dans cette vallée de larmes. Pauvre petit pied, puisse
la retraite le loger près de livres aux senteurs infinies.
dimanche 18 mai 2014
Nostàlgia de la sorra / Nostalgie du sable
sorra groguenca feta de restes d'un món gastat.
M'hi apropo amb el dit i reconec el verd profund
d'una ampolla de cervesa llançada al mar per un
desesperat, el roig apagat d'un maó perdut per qui
no pogué mai arribar a fer casa ni llinatge i el negre
dur del marbre d'una tomba tentinejant. Res de bo, res a veure
amb la sorra blanca de les platges de la meva illa enyorada,
fina i olorosa, feta d'engrunes de petxines i d'estelles de façanes
encalcinades per mariners intemporals. Acluco els ulls i somio...
***
D'impossibles dunes sous mes lunettes fumées,
du sable jaunâtre fait des restes d'un monde usé.
Je m'en approche du doigt et reconnais le vert profond
d'une bouteille de bière lancée à la mer par un
désespéré, le rouge éteint d'une brique perdue par qui
ne parvint jamais à faire une maison ni une lignée et le noir
dur du marbre d'une tombe chancelante. Rien de bon, rien à voir
avec le sable blanc des plages de mon île regrettée,
fin et odorant, fait de miettes de coquillages et d'éclats de façades
peintes à la chaux par des marins intemporels. Je ferme les yeux et rêve.
Être, n'être, naître, connaître
les nœuds relient les mots
de l'essence et de l'existence.
Comme toi, je suis. Sans but,
sans vergogne, diraient certains,
je ne sais qu'une chose : on n'est
que dans l'échange, même secret
et infime, on y naît et on s'y développe
et nous (nous) connaissons...
samedi 17 mai 2014
Nœud
vendredi 16 mai 2014
Bascule (seize mai)
d'un souffle dans les platanes
ombreux. Les bougies des aimés
se sont éteintes, d'autres viendront,
si proches pour fêter d'autres naissances.
À mes côtés, pâleur entrouverte, les œuvres
de Vinyoli. Une conférence sur sa poésie est
le prétexte à la relecture. D'autres arbres,
d'autres amours. Le poète fécond n'est plus
qui guide pourtant ma main, avec bienveillance.
Que bascule ce mois dans l'odeur des cerises
et qu'il me fasse oublier jusqu'au sens des paroles.
jeudi 15 mai 2014
Un tableau
un cadre rococo de plâtre doré que le temps
a écaillé, tout contre le mur de la cave.
Je l'examine en m'y penchant, du bout des doigts.
La gorge accroche que rythment des clous rouillés et
tordus. Une toile y fut donc bien tendue qui m'échappe.
À vue de nez, je l'imagine fin XIXe. Un pompier essouflé
ou une innovation scandaleuse que l'on fut contraint de rouler
et d'emporter loin, pour l'épingler dans le secret d'une alcôve ?
Rien n'est plus beau que d'imaginer ce qui fut et n'est plus. Un temps,
bref et intense, le cadre de plâtre écaillé est sorti de la mort pour
me questionner sur ma place dans le monde et son cadre factice de stuc.
Secrets
le sang qui bat un peu vite aux
tempes et étourdit. Le soleil déjà
haut n'en peut mais. Les secrets ondulent
et se déploient. Les dialogues passés reviennent.
Avaient-ils disparu ? Je ne le crois pas...
sans photo
jamais si ce sont elles qui guident ta main
ou si tes mots les traquent sur la toile. Je n'ai
pas ta facilité et me donne des couleurs pour
pallier leur absence. Deux heures ont sonné
dans la nuit atroce. Dehors des ombres laiteuses
dessinent un paysage de feutre, le vent caresse
les deux fleurs qui ont poussé dans la jardinière.
Leurs couleurs ne sont plus ou pas encore. Seules
tes photos pourraient les raviver. Je les attends,
d'un sourire.
mercredi 14 mai 2014
Une perle
que le temps préserve, miroir serein
des baisers qui firent naître sur chaque
commissure d'autres perles. De désir, de plaisir.
Sucrées et non salées. Le temps qui vole les a
séchées, elles, plus vite que ne le firent nos langues
qui les burent ardemment et ne s'en rassasièrent pas.
Deux photos
qui m'accompagne de vingt-deux
en seize. La distance n'est rien et
nous sommes unis par une promesse
à laquelle le temps fut refusé.
Coin
des étoffes, des songes, des pensées, nés
de coins petits et chaleureux, invisibles à qui
n'est pas nous. Ou plutôt à qui n'est pas toi
car c'est toi qui me les montres et m'en révèles
la saveur sucrée. Cuisines-tu toujours aussi bien,
curieuse, inventive, généreuse ? Je le jurerais.
D'ailleurs je te mens car je le sais déjà dans les
mots et les sourires de nos fils éblouis.
Mots
lettre à lettre, et ton dos se dévoile
sous leur frôlement. Frissons qui
les désordonnent soudain et fait
du miel, d'un souffle, un seul, le plus
doux des meli melos. Je ferme les yeux
et le retrouve. La tiédeur m'envahit et
m'apaise et je pense déjà aux mots que
le prochain frisson fera naître.
mardi 13 mai 2014
Fleurs de lune
lundi 12 mai 2014
Décanter
la lente décantation, je voyais
dans le sable léger une ennuyeuse
boue.
Le temps a passé qui me la fait voir
autrement. Légère, opaque, de la
couleur de ma peau vieillante, elle
prend le goût
de la fidélité. Sichuan est en moi que
je caresse sans l'ouvrir, jusqu'à ce que
je ne puisse m'en empêcher. Alors je
l'ouvre et t'y découvre
entre lettres et photos. Sage et discrètement
rebelle. Un erocaching de reflets et d'impressions
que je saissis du coin de l'œil avant de te répondre
sur le balcon des heures.
mercredi 7 mai 2014
L'arbre à oiseaux
Fleur de rosée
Un mur
mercredi 23 avril 2014
Sauvegarde
lundi 7 avril 2014
Sur un coquelicot
Ni poivre ni sable volcanique.
Une coccinelle jolie sommeille,
ailes repliées. Son souffle ne se
perçoit et n'était mon habitude
curieuse, je n'en aurais rien su.
Sur un coquelicot, six graines noires
et ton sourire qui scelle mes vers.
Coccinelle
samedi 29 mars 2014
L'ange aux pétales de sang
Le temps te fut volé, le temps nous fut volé,
l'Ange demeure en nous qui nous accompagne
et veille sur ses frères. Ses pétales sont de sang
et ne pèsent pas. Juste une couleur que chacun
de nous porte en lui, même s'il ne le dit pas. Moi
mes pétales, je te les dois que je regarde souvent.
Le mois des coquelicots
La gravité
Que grave est la vie, parfois. Souvent.
Et que pesante est la gravité qui nous
colle à la terre.
Comme toi, j'aime lever les yeux et
apercevoir ces funambules suspendus,
tout en grâce et en silence. Le temps
alors s'efface et nous redevenons ces
enfants ébahis que nous avons été,
tout deux, et qui aimaient le cirque.
vendredi 28 mars 2014
Un chapeau sans tête
mardi 25 mars 2014
Trois impressions passagères
LA JEUNE FILLE AUX PISTACHES
Elle est assise à côté de moi et accompagne
sa mère à une rencontre poétique, son rythme
n'est pas le nôtre. Elle tire de minuscules pistaches
d'une boîte étroite en aluminium puis elle les fend
et les ingère sans ciller. Les pistaches sont sans fin.
Pourtant elle cesse soudain de grignotter et remplit
la boîte qu'elle avait vidée. De coques menues, de reliefs
incertains. La nappe nettoyée, elle nous regarde enfin.
Curieusement, au même instant, l'atelier poétique lui
aussi cesse. Les pages repliées, l'apéritif pourra commencer.
Sans moi. Je serai déjà loin. La tête dans les étoiles.
LA JEUNE FEMME AU LIVRE EN CHINOIS
Elle s'est assise à côté de moi, jamais je ne verrai son
visage. Les cahots du TGV ne l'empêchent pas de tourner
avec parsimonie les pages d'un livre en chinois. Sur le papier
bouffant, étincelant, les idéogrammes se détachent noblement.
J'en vois peu par page. Beaucoup moins que sur une page occidentale.
Serait-ce un livre de poèmes ? Je ne sais ni ne saurai. Le train arrive
à son terminus, la jeune femme ferme le livre et s'en va, sans bagage.
Qu'adviendra-t-il de ce livre dont je perçois tout juste qu'il livrait un
soupçon d'humanité à un rescapé de la Babel désenchantée ?
LE JEUNE HOMME EN LEVITE
Le métro fait halte à hauteur du Marais. Un jeune homme monte. Il
est coiffé d'un chapeau noir à larges bords, le corps serré dans une
lévite étroite. Il semble pensif. Pourquoi pensé-je tout à coup à
Walter Benjamin dont Paris au XIXe siècle accompagne mon séjour
dans la capitale ? Je ne sais. Je pense aussi au restaurant de Jo Goldenberg,
rue des Rosiers, où je déjeunai il y a quelques année de poissons fumés
de la Baltique. Cette fois-ci, c'est moi qui descends pour rejoindre le Quartier
Latin. Où se rendait ce jeune homme qui caressait une barbe aussi grêle que
la mienne ? Peu importe. Là encore devait y battre une chaude humanité.
dimanche 23 mars 2014
Ridules
fallacieuses dans leur traitement grain à grain.
Je préfère l'empreinte de la vie en milliers
de rides nécessaires. Parmi celles-ci, j'aime
leur variante petite, toute en élégance : la ridule,
qui accompagne l'expression et souligne le sourire.
Arabique
Tes arabesques sont de ceux-ci que je
ne relie pas à la lointaine Arabie.
Variant sur ce mot qui gonfle la bouche
d'une saveur singulière, je songe à
arabique. La gomme arabique sans qui
tant de lettres ne seraient jamais parvenues
à leur destinataire. La péninsule arabique
qui participe pour moi d'une géographie
de fantaisie touchée du doigt sur le globe
terrestre de couleur qui illuminait ma chambre
et que tu as su me rappeler en quelque vers sonnés.
samedi 22 mars 2014
Arabesques
Le fil de la nuit
dirait-on en espagnol. Le temps
se ralentit et les épaules se voûtent.
Nul désir de refaire le monde ni de
passer pour ce que l'on n'est pas,
le masque tombe et l'on est nu.
Alors, je profite de ce temps béni,
comme une miche de pain blanc,
pour te glisser de simples mots,
des mots de reconnaissance, à toi
qui me lis, malgré la distance, à toi
qui m'écris, malgré l'inconstance.
vendredi 21 mars 2014
Carnet de voyage
Le voyage
Ce voyage dont tu me parlas
et que je ne connais pas, tes
élèves et toi le reconstituez
patiemment, avec leurs images
à eux, avec tes mots à toi. Son
lieu ? L'Italie, sans doute. Son temps ?
Une marge de la vie de classe,
assurément, une fissure entre cours
et vacances où tu fais merveille,
indubitablement.
jeudi 20 mars 2014
Hors lieu
la peau du bas de ton dos douce
et tiède. Tu m'avais invité, la
ville bruissait. Nous n'en avions
cure. Je t'étreignis mais n'osai
t'embrasser.
Couleurs et forme
puis la forme : un rectangle harmonieux,
à l'élégance posée verticalement.
Je n'entre pas immédiatement dans tes
photos. J'en soupèse les harmoniques,
et fais jouer les tons comme s'il s'agissait
de cuivres. Tes photos sont des gongs calmes,
dont le silence appelle tes mots. Alors tu écris,
et je te lis, friand de te voir renaître.
Connaissez-vous Plaisance ?
de mon séjour à Béziers, la question
ne laissa pas de m'intriguer : Villa,
villégiature, retraite, je ne savais
que penser. Jusqu'au jour où mes pas,
sans guide, me conduisirent à un coin
de rue tout contre le bief d'aval du
Port neuf. On eût dit une maison
bourgeoise tapie derrière l'épaisseur
du feuillage. C'était un restaurant coquet
où les habitués roulaient leur serviette
avant de s'en aller. Les repas y coulaient
sans souci de l'horaire pas plus que des
péniches qui délaissaient le quai. Je revins
à la nuit tombée pour m'emplir de senteurs
surannées et songer aux vies qu'elle reput.
Fermer les yeux
qui peu à peu s'abandonne, au
sommeil ou aux rêves anciens.
N'être plus que ce souffle inversé
qui donne en recevant. Délaisser
les Châteaux Yquem et les truffes
du Quercy, ne respirer le monde
que par ta peau qui pulse, avec
lenteur, imperceptiblement.
Basculer dans le sommeil, s'oublier
tout à fait et renaître au jour dans le
frottement de ton bras sur le drap.
Couleuvre de Montpellier
Sous la terrasse, le ciment brûle
et les anneaux somnolent.
Faut-il partir si loin de la ville,
au frais, pour entendre parler,
encore de la fière Montpellier
qui extrait les poisons pour en faire
des philtres ?
Photothèque
Tes photos sont myriade,
Je les aime. Toutes, qui
jamais ne me rassurent.
Elles me troublent plutôt.
À dessein ? Je ne sais,
je n'en ai cure, je suis bien.
Merci L...E
Caresse
sur la peau douce et les yeux
se ferment. Le souffle s'apaise.
La main sait qu'elle n'est plus outil.
Compagne ou mirage, elle donne
et ne retient pas. Le plaisir qu'elle
sème ne se veut pas prison. D'ailleurs,
il n'a pas de nom. Sous la caresse, la
main, naguère gravide, est funambule
de surface. Vestige de l'instant, sagesse
de la longue durée. Peut-on jamais caresser
hors de tout sentiment ?
lundi 17 mars 2014
Les tromperies de l'hippocampe
Effleurement
HIPPOCAMPES
mes années de jeunesse. Mon oncle
Sindo les dessinait à la pointe sur
la terre blanche avant de l'enfourner
et d'en tirer un bouquet de couleurs.
Pépé délaissait le café pour m'amener
au marché où ils jonchaient la glace
pilée comme les crevettes grises de ma
lointaine Dunkerque.
Mon oncle Sindo les avait placés au centre
de sa cosmogonie marine, nostalgique de son
île perdue. Il était deux fois homme, son nom
-Gomila- et son prénom -Gumersind- provenant de
la même racine indo-européenne qui désignait
l'homme. Est-ce pour cela qu'il aimait ces
étranges poissons dont le mâle porte les œufs
dans une poche secrète ? Non, je crois qu'il aimait
vraiment ces êtres chimériques qui résistent à l'emportement
en s'accrochant indéfiniment à une algue gracile. J'ignorais
alors que l'hippocampe désignait aussi cette zone cérébrale
support de la mémoire qui me conduit à t'écrire aujourd'hui.
samedi 15 mars 2014
Baroque
du baroque et de son étrange origine,
cette perle imparfaitement ronde en
portugais.
En te lisant, j'en ai ressenti la surface
inégale devant la perfection de tes vers,
comme si la différence n'était qu'illusion
et la passion unisson.
Le destin de Gaïa
vendredi 7 février 2014
jeudi 6 février 2014
Le chat libre
mercredi 5 février 2014
Pleurs de lune
mardi 28 janvier 2014
Géocaches gruissannaises
Un ami précieux profite d'un sabbatique
hiver pour saupoudrer de caches le rivage
salin.
Sous sa main ferme et son œil de cristal,
une histoire renaît qui tendit de béton
le voile des pleureuses.
Nous revoici dans les années de plomb où
une valise de haricots valait plus qu'une vie
et l'occupant terré
dedans la casemate scrutait à l'horizon
l'inéluctable débarquant dont les rejetons,
un jour peut-être,
s'allieraient à la lignée de l'ennemi honni,
au pied d'un rouleau de papier par une signature
dûment géolocalisée.
dimanche 19 janvier 2014
Tanka jour de neige
Écume
Vivre en livre
vendredi 17 janvier 2014
Inaccessible
dimanche 5 janvier 2014
Ma main
mercredi 1 janvier 2014
BON DIA / BONJOUR
Que tingueu un bon dia:
un bon matí, una bona tarda,
un bon vespre i una bona nit.
Un amic filòsof m'acaba de convèncer-me'n.
No busquem una felicitat il·lusiòria amb
paraules gastades. Centrem-nos en el dia
d'avui, desprès de la ressaca de cap d'any.
I saludeu a tothom com si fos
el vostre veĩ o la marquesa
de les faves torrades.
***
Bonjour et rien de plus.
Passez une bonne journée,
un beau matin, une belle après-midi,
une bonne soirée et une bonne nuit.
Un ami philosophe vient de m'en convaincre.
Ne recherchons pas un bonheur illusoire à
grand renfort de mots usés. Concentrons-nous
sur aujourd'hui, après la gueule de bois du réveillon.
Et saluez tout un chacun comme s'il était
votre voisin ou la marquise
des fèves grillées.