Ma Barcelone,
Ce sont les rues étroites
dans la nuit grise, en toute
saison ou quand le temps
n'a plus d'heure.
Ces rues serrées aux fenêtres
aveugles, où pousse une herbe
rare. Antiques cours d'eau ou
frontières sanglantes
entre quartiers ennemis. Ma Barcelone
parle catalan, crie espagnol, chuchote
pendjabi, hurle arabe ou pleure en
tamazigh.
J'y ai marché trente ans, assisté à la
fermeture de ses arènes, au changement
des plaques de rue, l'ai vu se creuser
en son rivage
pour accueillir des jeux enflammés par
l'Olympe. J'ai connu le fiasco du Forum
des cultures voici neuf ans et glané ces
mois derniers
les palissades infinies derrière lesquelles
s'exhibent impudiques les squelettes d'immeubles
qui jamais ne verront le jour. J'y ai croisé
l'Andalou fier
du catalan normé de son fillot, le yuppie en mal
de temps puis l'indigne quadra déraciné errant
de par la ville en quête d'une aumône
qui ne viendra plus
et qui n'a du millionnaire Messi que la peau bleu
et grenat achetée à la sauvette dans une traverse
du Parallèle.
Ma Barcelone, ce sont des milliers de mots, de sons,
de lettres patiemment accollés et sans qui mes vers,
aveugles au quotidien, ne seraient pas ou seraient peu,
si peu...
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